L’ego cherche, toute son énergie est dédiée à la quête, que ce soit dans le but de protéger d’émotions comme la honte et l’impuissance ou pour avoir enfin la sensation d’une issue à la blessure d’infériorité… de façon subtile ou sous couvert de spiritualité, il cherche à exister, quelque part.
Lorsque la blessure d’infériorité est vue et que la victimisation peut se frayer un chemin, elle devient la porte ouvert à des abus sous forme narcissiques, car ceux qui en portent le fardeau rejettent la victimisation en eux et tout ce qui pourrait les mettre face aux émotions qui recouvrent la blessure d’infériorité.
Ce jeu est souvent mis en lumière par le duo empathe - narcissique, et se jouera tant que les miroirs ne se seront pas rencontrés.
Beaucoup d’empathes se réfugient dans la spiritualité et c’est souvent le jeu de nouvelles mises en lumière de ce même schéma, parce que la quête ne s’arrête pas quand on entre dans un cours de yoga ou qu’on a trouvé un enseignant spirituel.
La quête s’arrête quand elle a été naturellement épuisée, que la connaissance s’est intégrée et qu’il est clairement vu que l’infériorité ou la supériorité sont deux faces de la même pièce et que la vérité n'est pas en ces deux faces, mais au centre.
Très souvent, l’égo qui a vu qu’il n’était pas assez aura tendance à se laisser abuser.
Car quand il y a trauma derrière cette blessure, c’est plutôt rare qu’il y ait du discernement, le système essaie surtout de gérer la charge traumatique, et parfois, du figement ou de la sidérations. Et le discernement n’est pas d’utiliser la connaissance comme bouclier à sa propre douleur, ce n’est pas contourner la sensation de victimisation parce qu’on a lu dans un livre que c’était pas spirituel...
Tout est dieu, y compris la victimisation pour ce qu’elle a à enseigner en l’instant.
Souvent, le jeu de l’empathe et du narcissique (qui n’est pas un rôle emprunté par un seul acteur), est destiné à mettre en lumière les parts non assumées en nous par la conscience, les parts qui contiennent des attachements au monde, les parts non souveraines et dignes.
Et une chose est souvent niée dans les cercles spirituels, c’est que plus grandes sont les limites, plus grande est la compassion…
Et qu’un système nerveux en mode figement ou sidération n’est pas de la paix mais de l’apathie et de l’amnésie de la Vie.
Avant de retrouver sa souveraineté, la personne va souvent passer par la reconnaissance des sensations de figement ou de sidération dans le corps, la reconnaissance des émotions liées à l’abus et le retour du mode lutte ou fuite avant l’intégration.
Dans ce chemin, l’agressivité et la colère sont des émotions très importantes, elles sont l’énergie des limites, sans elles l’abus a tous les droits sur nous.
Car la résolution des conflits empathe narcissique n’est pas que chacun accepte enfin de recouvrir les blessures de l’autre mais l’authenticité, l’intimité retrouvée.
Et comment parler d’intimité sans parler des émotions de honte refoulée ?
Tous les jeux de pouvoir sont en quête de ne pas vivre la honte.
Et comme la honte n’est pas vue dans les yeux pour ce qu’elle est dans notre société (on la masque par des vêtements, de l’humour, de l’argent, des relations, du prestige…), sortir de la roue de hamster et la regarder droit dans les yeux demande de la foi.
Ce que cette émotion nous raconte quand on prend enfin le temps de s'asseoir avec, c’est que notre pure authenticité est inacceptable, que notre humanité ou notre sexualité, notre passé, nos désirs… sont inacceptables.
Que l’énergie de vie qui nous traverse ne devrait pas être ainsi.
Généralement, le courage de s’asseoir avec la honte va avec celle qui a été refoulée, ce qu’on appelle la honte toxique, car celle qui est saine devrait davantage ressembler à une émotion très furtive. Lorsqu’elle est ancrée profondément dans le système, la sensation n’a rien à voir, l’interdît est sur notre propre authenticité, notre énergie vitale. La honte saine est comme toute autre émotion, un système de direction de notre âme.
Ce que j’ai trouvé de plus présent dans le corps au-delà de l’empreinte des anti-émotions (honte, impuissance, manque de sens, désespoir, inexistence…) est la honte d’exister. C’est une émotion si installée dans le confort de ne pas aller contre ce que veut la société ou son entourage, qu’elle n’est presque jamais rencontrée. Ce qui fait que cette émotion est soit masquée par l’isolement, soit par l’égo rebelle. Dans les deux cas, ça demande une énergie énorme au système, et un profond auto-sabotage dans le cas de l’isolement car l’énergie est totalement refoulée.
Exister, lorsque cette énergie n’est pas aux prises de la quête, est une oeuvre divine, la présence de l’énergie de vie honorant la direction de l’âme.
Mais comment accepter cette énergie sans en accepter son indomptabilité…Comment honorer le divin sans son impénétrabilité ?
Ultimement, la honte ainsi que les anti-émotions sont des énergies si basses qu’elles nuisent à notre énergie de vie et notre expression authentique.
Et les rencontrer ne peut se désolidariser de la rencontre de leurs énergies opposées qui n’ont rien à voir avec le bliss et les papillons mais d’avantage avec l’agressivité et l’intégration des énergies du bassin…
L’énergie reprend ses droits, elle sait très bien ce qu’elle à faire, le processus est à l’âme, c’est son art, son oeuvre.
Au plus la foi est grande, au plus ce processus s’intègre.
Comments